Parmi les traditions Kabyle pour l’Aid el Adha (Lemghafra= les visites)...
Après avoir dépecer le mouton , ce qui se fait le deuxième jour de l’Aid, séparer les morceaux à saler pour l’Achoura, définir ce qui sera donné en sadaqa et ce qui devrait être offert,le voisin en sera le premier.
on met de côté le gigot (thaqasvout) et l’épaule (thayets) suivant le cas.
Les abats, douara ,bouzelouf, constitueront les repas principaux de ces deux jours..on passera ensuite au menu viande plus tard.
Il fût un temps ou cette coutume était obligatoire! elle est dite « asefqedh net’ welits » ou « lamghafra » …rendre visite à une proche, fille, tante, nièce,cousine, qu’elle soit jeune ou vieille mariée à une famille du village ou d’une contrée lointaine… « Silat Errahim » (lien du sang) prescrit par Allah..on se doit d’y aller,quelque soit la saison et quoi que cela puisse coûter !
Jadis par manque de transport ,on voyageait à pied, cela devenait une véritable expédition avec un couffin (adhela3) bien chargé et lourd.. il fallait une monture…parfois on empruntait l’âne du voisin..
Généralement ,on fait tout pour ne pas arriver à l’heure du déjeuner,(al fadhor),ce serait mal vu !
Avant ,le père, le frère aîné, l’homme de la maison, ira seul, rarement accompagné, pour ne pas gêner les beaux-parents.
De nos jours on rempli la voiture, parfois en fourgon entier qachouch mechouch (avec toute la smala)..c’est une marque de joie,revoir cette chère parente dont le manque à la maison est devenu insoutenable..cela fait aussi une sortie pour changer la routine journalière de nos montagnes..
Donc pour une fille nouvellement mariée et pour la première année , le couffin contiendra un gigot, accompagné d’un pan (morceau) de tissu, une étoffe, qui sera d'une mesure équivalente à la taille d' une robe Kabyle..des gâteaux et autres fruits de saison ou fraîchement cueillis..parfois un bijoux en argent.. on lui glisse ,en cachette,un peu d'argent..certains ajoutent un cadeau à la belle-mère
Ainsi donc la première année on offre à notre fille mariée un gigot, l’année d’après ce sera l’épaule..
Mais il faut savoir que les futurs beaux- parents, rendent visite à leur future belle-fille (thislith) et cela doit se faire en toutes occasions et durant tout le temps qu’elle reste fiancée.
ils faisaient tout pour se faire remarquer, paraître aisé et bon partenaires..
leur couffin comporterait, robe ou tissu, parfois un bijou, beignets, gâteaux…et une « épaule » de mouton.
Ce que vous allez rembourser plus tard en visitant votre fille dans différentes occasions....
On dit aden’ghafar tha welits, on rend visite à notre proche, parfois une vielle de la famille, mais certains oublient toutes ces dépenses, on y va juste marquer sa présence devant les alliés..
Croyez qu’il y a des personnes, malgré leur âge avancé, elles espèrent cette visite durant toute l’année, voir ses proches franchir le seuil de sa maison…même le vieux dans le coin, les voisins, voisines, sauront qu’elle n’a pas été oubliée..
De nos jours ces traditions ancestrales ont été oubliées et c’est trop mesquin !
Aujourd’hui ,on se débarrasse de cette corvée Juste par un appel téléphonique ou sms !!!
Il y a aussi lemghafra netjadith (ancestrale) les gens aimés par vos anciens et que vous devez respecter et visiter, même éloignés..
Mon souvenir, ma sincère pensée et ma grande reconnaissance va pour Da Laifa Nath Menguelath, ath yerham Rebbi, qui n’avait jamais faillit à cette tradition « d’assefqedh net’welits » (visite de la proche).
De son vivant et pour chaque Aïd, il envoyait son fils jusqu’à Alger rendre visite à sa sœur ainée et, n’oubliait jamais de passer chez nous, rendre visite à ma mère, sans oublier le couffin avec sa part de viande…par respect à nos ancêtres…il la considérait comme tha welits en’sen (leur proche)..
Tout cela n’est une ancienne éducation, une tradition que l’on a hérité et pour laquelle je me suis toujours tenu, Dieu m’est témoin.
Hélas, les circonstances ont changées, les mentalités ont évoluées, on devient vieux jeux, arriéré, gênant. Alors laissons la jeunesse entrer en scène…on a fait notre temps !
comme le disait notre poupous « Irgazen ath enif a3’yan »..