Azwadj yibass ,ahebbar miatesna!!
Ezwadj nyibwas tsekhmam ddegs assegwass!
le mariage d'un jour se prépare en 100 ans!1 ère partie..
Quand un jeune homme arrive à maturité,ou bien quand sa mère est malade et qu'il faut une aide ménagère, ses parents ne cesseront de le harceler pour qu’il se décide à fonder son foyer..« at’zew’djadh ammi » répètera sans cesse la maman, poussée par le père bien sûr, qui garde un certain respect avec son héritier et futur chef de famille.
A partir du moment que le fils accepte, les parents lancent l’avis de recherche en toute discrétion, chez les amis et la famille, pour trouver la perle rare , thametouth i mi ,une femme pour mon fils !
Jadis les pères se rencontraient au café et l’affaire était conclue devant témoins…l’âge n’avait pas trop d’importance, on cherchait une aide pour la maman.
-dire que ma mère s’est mariée à 9 ans, mon père avait 12 ans, qu’Allah les accueille dans son vaste Paradis.
Et les mariés ne se connaissaient pas,ils se rencontraient seulement la nuit de noce !
Durant l’enquête pour trouver « blanche neige » on fait de son mieux pour avoir les détails de toute la futur belle-famille.
Bien sûr il y a ceux qui suivent thajadith et recherchent des alliés avec de bonnes racines (lassell), la famille, les alliés, le nom, le comportement, l’éducation, le voisinage, tout est passé au peigne fin, en étant honorable, on veut des gens honorables.
ils y en a qui ne cherchent que l’intérêt de leurs enfants, en biens matériels, faisant fi des traditions ancestrales,ils préparent leur fille à vivre séparée, (ataâ’zell), que son mari obtienne, rapidement, sa part d’héritage (le père étant encore en vie ?) et vivre à l’écart des "vieux".
D’autres par contre, cherchent absolument que leur fille vivent avec les vieux, (im’gharenn) en recherchant leur proximité et gagner leur bénédiction
(el varaka).devenir, la femme responsable de la maison qui veillera jalousement à la nouvelle génération…
dans certaines régions, quand un jeune homme désirait demander la main d’une fille, il devait se rendre chez elle et sacrifier un mouton ou un bouc sur le seuil de sa porte sans se faire prendre par un membre de la famille de celle-ci. Alors la main de la jeune fille lui était accordée..
Encore d’autres régions, la mère du jeune homme se rendait chez un marabout, afin que celui-ci lui prépare une amulette (Harz). Le jeune homme présentait alors l’amulette à la famille de la jeune fille et généralement le père était contraint d’accepter la demande…
….Donc une fois trouvée, il faut retourner, suivant un protocole, rendre visite à la famille de l’élue.
La délégation sera un peu plus importante en femme, cousines, tantes, voisines, car c'est le moment de débattre des conditions (chorote), toutes exigences seront débattues et agréées communément..Mais entre femmes seulement !!
Cette fois , on y va pas les mains vides..et l’ on se doit d’avertir les beaux parents du jour et de l’heure du rendez-vous, car eux aussi doivent mettre en face des femmes capables de tenir tête et sachant bien parler.. bien sûr quelques hommes proches et présentables de part et d'autre ,qui resterons à l'écart..entre-hommes.
Une fois que tout est réglé à la convenance de toutes.
Des rafraîchissements, limonades et cafés gâteaux,seront servis. la date des fiançailles est fixée.
.on décidera du jour de la cérémonie des fiançailles ,du mariage et de ses règles , suivant les dispositions des uns et des autres..parfois quelques différences entre village dans le déroulement des cérémonies, mais généralement on s’accorde parfaitement.
on parlera de vêtement, de bijoux,date de la fête,protocole du mouton,semoule,huile,beurre..plus-tard on ajoutera les valises..(thivalisine) et on discutera le protocole du héné chez la mariée et du dîner,(imensi 'lhenni) ,du nombre de personnes qui assisteront,(iqafafenn), à la cérémonie,les coutumes de cortège,comment sera vêtue la mariée..plus tard la "civilisation"ajoutera les élucubrations de la salles des fêtes,des robes blanches...!
enfin,tout sera réglé définitivement ce jour!
le top est donné aux deux familles qui vont s'affairer à la préparation du mariage..Ezwadj levdda tsekhmam ddegs miya ttesna!
des volontaires ,femmes bien choisies,viendront préparer le couscous,une des tâches la plus importantes.cela prendrait environ une semaine.
bien sûr , ces rouleuses de couscous seront prises en charge
,petit déjeuner ,déjeuner,café,gâteaux à volonté et parfois elles recevront du parfum,une savonnette ,foulard ou tissu..une belle ambiance commence dans la maison..
Du côté de la marié,on prépare son trousseau..
jadis le trousseau se limitait à un coffre ,une malle en bois décorée,ou peint ,assendouq n'teslith..qui renfermait,une ou deux robes kabyle,quelques bijoux en argent,ses effets de coiffures se limitaient à un peigne,pour le maquillage,
"Tazult" extraite d'une roche noir ,"Thimmi" :une autre substance extraite d'une racine d'un frêne qu'on fait bouillir jusqu'à obtention d'un liquide marron avec lequel on dessine les sourcils ,pour tracer les yeux...Le henné : fait de fleurs séchées au soleil , pilées (dans ama'hraz=pilon) elles deviennent une poudre vertes qu'on applique sur les cheveux pour les rendre brillants soyeux et colorés.
"Agussim" :ce sont des petits bâtonnets extraits de l'écorce de noyer on l'utilise par frottement sur les gencives et les lèvres..
"Tiymumin" : des miniatures de fruits rouges des ronces (inijell) ,à appliquer fraîchement cueillis ou séchés que les femme utilisent comme fard a joue ,sur le visage et le cou , ça donne un teint vif et rouge pour paraître en bonne santé..
désolé mesdames si j'en oublie...parfois les jeunes filles sont tatouées (thich'radh,law'cham)..
aujourdhuit une trousse complète de tubes colorés,de poudres,de vernis,de teintes,de pommades...une trousse complète chinoise à bon marché,issues de différents insectes,de peau de porc,d'estomac,à base de graisse de porc, de cornes, de tissus, de tendons, de cachalots ou encore, de castors.. et autre animaux exotiques,..beurk!!
Du côté du mari on se met à rouler le couscous ,acheter un bœuf ou l’engraisser suivant le temps restant et surtout réserver idheballen ! (pour les familles aisées) sinon tout sera simplifier suivant les moyens de l’époux..
Badigeonner à la chaux (el djir) toute la maison, préparer thaâricht (mezanine) qui sera la partie réservée au couple,la literie revient à l’épouse ,elle fera partie de son trousseau..
je me souviens de ce que l’on chantait : « mathebouyagd apaillasse aghits aghits,nagh moulach oula woumits » (si elle t’apporte le matelas épouses-la,sinon pas besoin)
Préparer le burnous ancestrale, la chemise ,le pantalon bouffon, la chechia rouge. les souliers parfois arkassenn,qui vont avec..
De nos jours tout est prêt à porter ,il suffit de payer..
Suivant les villages, le mardi d’avant la fête on se rend chez la mariée pour le dîner du Héné..(on choisissait le mardi ,car correspondant au jour de marché de Michelet, cela permettait d’avoir de la viande et les légumes frais)..
Imensi lhenni..le nombre d’invité est compté et donné à l’avance..vu que le dîner est aux frais de l’époux.
Généralement il doit fournir une cuisse de bœuf (thaghma),ou mouton, un quintal de semoule, cinq litre d’huile d’olive de qualité, du beure ,légumes et fruit de saison.. selon les moyens de l’époux et l’agrément.quelques bijoux en argent,sans oublier le hene,parfum,pain de sucre,datte,figues sèches,grenades....
Une délégation choisit de parents proches, amis…y feront partie..
Après manger, un vieille femme respectée et honore pour enduire la main de la mariée de Héné,les youyous fusent, suivis de poêmes et de chants
le mariage d'un jour se prépare en 100 ans! 5 ème partie..
Le lendemain c’est au tour de l’époux de préparer sa réception d’Imensi el Henni,cela se passe entre hommes choisis.
la matinée on sort un grand plateau ( jefna tharvouth)de couscous-fèves,ou couscous-poichiche vers tajemaath ,un pour Sidi Lhadi,le vénéré Marabout, une pour Jeddi Menguelath et vers d'autres lieux sacrés ,abandonnés depuis..
le soir venu, un dîner,généralement avec douara (estomac du boeuf égorgé le matin) est préparée soigneusement avec une salade ou chorba..suivi de raisin ou pastèques ou..comme dessert..
Le vieux du village ,ou bien c’est le vénéré marabout qui va honorer la famille de sa présence en mettant le Héné au marié –isli-suivant un rituel accompagné de dou3a et de certains poèmes dédiés suivis du salut au prophète..les youyous fuseront après cette cérémonie,que les femmes poursuivront en chantant et dansant jusqu’à une heure tardive..-ourar-
Le lendemain matin, on se prépare à recevoir idheballen ,qui animeront le mariage..après le déjeuner servi uniquement à ceux choisis pour le cortège (iqafafen)..ils iront chercher la marié dans la liesse et la joie…et doum doum..et la ghaita joyeuse!
Notez que toutes ces étapes seront annoncées à la criée en allant d'une maison à l'autre, par une personne assez intelligente,au franc parler,connaissant les noms de qui appeler,les clans et les protocoles des différentes familles..
on fera de même pour le femmes, mais par une femme , qui appellera une à une celles assisterons aux cérémonies qui les concernent..
Arrivés chez les beaux parents ,une délégation sera prête à recevoir le joyeux cortège avec tous les salamalecs,coutumes et traditions ...
On déjeune ,si cela est dans le protocole agréé, sinon quelques gâteaux et boissons,café,thé, on passe à la demande en mariage,précédée d'un discours de l'imam concernant les règles et les coutumes du mariage selon la tradition islamique,qui sera faite par le père ou un membre influent de la famille de l’époux -al mowakall-vers le père , le tuteur ou le représentant de la mariée.-al wali-
vous devez savoir que parmi la délégation d'Iqafafen,(cortège) on devait obligatoirement présenter un homme fort sachant se battre,un homme riche ,un homme au franc parler, intelligent et un marabout expert en religion....on y allait à pied précédés d'un cheval ou d'une mule pour la mariée ....cela est dépassé de nos jours..on est au temps des limousines...
(*)Certains villages, emmèneront le mouton et autres condiments ainsi que les valises de la marié le jour-meme , Iqafafen ne déjeuneront pas... accompagné d’idheballen bien sûr
Arrivés d’Iqafafen chez les beaux parents ,trouveront à l’arrivée une délégation prête à les recevoir avec tous les salamalecs, coutumes et traditions ...
On déjeune ,si cela a été convenu, sinon quelques gâteaux et boissons , café, thé, on passe à la demande en mariage.
La cérémonie commence par un discours de l'imam relatant les règles et les coutumes du mariage selon la tradition musulmane ,ensuite la demande sera faite par le père ou un membre influent de la famille de l’époux -al mowakall-vers le père , le tuteur ou le représentant de la mariée.-al wali-
Suivant une formule religieuse et solennelle..
« Nous sommes venu demander la main de votre fille « x » pour notre fils « y » (en citant les prénoms) selon la tradition et la sunna de Sidna Mohamed le Salue et la paix d’Allah soit sur lui »..en répétant 3 fois !
Le responsable,le père,le tuteur de la jeune fille -al wali- répond trois fois de suite ,en présence de témoins (chouhoud)..
Que le salaut et Paix d’Allah soit sur notre Prophète Mohamed , Nous vous acceptons et accordons la main de notre fille « x » pour votre fils « y » en répétant 3 fois..
L’Imam ré-intervient et demande si le accords passés entre les deux familles,ont été respectés !
Ils répondent respectivement oui..
[Normalement,selon la religion, tout ce qui a été agréé en bijoux, vêtement et autres, doit être cité devant ces témoins,,car demain s’il y a divorce les parents de la fille peuvent ne rien rendre et dire qu’ils n’ont rien reçu !!]..
A ce moment l’imam demande de déposer la dote en argent sur la table
-Tha3mamat- (actuellement c’est une liasse de billet de banque..
Le père de la fille ne prend qu’un billet de 50 ou 100 Da..aujourd huit 1000 ou 2000 DA sans oublier de donner un billet à l’imam et à la mosquée..
[les Ulémas (3oulama de l’islam) imposent dans ce cas de gens ayant les moyens, la valeur d’un gramme d’or, à remettre strictement à la mariée].
Le cortège repart vers sa destination en emmenant la mariée,suivie de quelques cousins ou amis ,sans la mère ni le père de la mariée !
L’arrivée de la mariée thislith dans un tumulte,un brouhaha des youyou, de coup de fusils, idheballen…feront la joie des enfants du village qui suivront la mariée accompagnée par un cortège de femmes en chantant des chants spécifiques..jusqu’à la maison où l’attend la belle-mère avec soit une verre de lait ou de miel et un panier garnis de bonbons, d’amandes, de cacahuètes,que la mariée jettera vers la foule derrière elle .
jadis la mariée ramener des anses en osier (grand panier) –aqewhal- Iqachwoula,de sfendj,aheddour,makrout..que l’on distribue accompagné de lait chaud avec café suivant l'époque .aujourdhuit des patisseries,café thé et limonades.
Après la prière du Asr ,idheballen -troubadours-sortent vers tajema3t et joueront jusqu’au l'Adan du Maghreb…ils reviennent vers ighil après le dîner..les hommes dansent, tirant des coup de fusils pour marquer la liesse,les femmes regardent de loin,parfois on entend leurs youyous..une joie immense s’empare du village,jusque tard dans la soirée..parfois le Marié ré-apparait et vient danser. après s’être fait discret,toute la journée ,parfois isolé dans une maison, jusqu’à la nuit tombée..
Le lendemain matin –svouh n’teslith-..
Les parents de la mariée accompagnés de personnes choisies, viennent voir leur fille ,seules les femmes sont autorisées à entrer dans la chambre nuptiale..
un déjeuner est organisé en leur faveur,la mariée peut se permettre de déjeuner avec eux..
D’autres familles plus religieuses Imravdhen,par exemple, ne permettent qu’à la famille proche de voir leur fille..
Chaque homme doit glisser une pièces ou un billet dans la main de la mariées,actuellement disons un billet,ce qu’on appelle Thimezri-Thizri- Tawsa..en général on rend ce que l’on a déjà reçu,même en cadeaux,mais souvent un peu plus !
-[Les Algérois appelle cela f’tour el Khouara ou Tesdira..le déjeuner est offert par la mère de la mariée chez sa fille, suivi de la Tesdira, on présente la mariée ,devant une assistance féminine ,parée de ses bijoux et portant ,à chaque fois, une des robes de son trousseau]…on entend ourar el khalath-
Durant toute la semaine d’autres corvées attendent la mariée,mais elle le touchera rien,elle ne cuisinera pas,ne fera pas le ménage sauf pour sa chambre..elle change de robe chaque jours..
On sort Thislith vers Sidi Lhadi, vers djeddi Menguelath et d’autres saints connus ou lieux sacrés ,accompagnée de plusieurs femmes et de youyous suivant un rituel ancestral..de chants, soumendayer -tambourin-..elle dépose des offrandes en argent et en nourriture,parfois du couscous garnis..elle reçoit des prières,des bénédictions ,el djaoui-encens-(résine aromatique).
Isli n’échappera pas à sa corvée de payer des cafés à Michelet..
Certaines familles,à la fin de semaine ré-invitent et fêtent le septième jour -Sbou3-
sinon la vie reprend son cour dans le village et les critiques bonnes ou mauvaise commencent ,ce qui fait le charme d'ailleurs du village..il ne restera que les souvenirs suivant les époques..Fin..
PS: je n'ai pas parlé du bain (achouchaf n'teslith)) de la mariée,choses intimes aux femmes.
certaines régions ajoutent,un peu de cette eau dans la sauce composant le couscous!
je vous demande de citer le nom kabyle donné au déjeuner du Sbouh..
Ftour el Khouara pour les Algérois..
NB:en cherchant à ressembler aux occidentaux , en marginalisant nos coutumes et traditions,nous enterrons notre culture et notre histoire..