«Amachahou rebbi ats iselhou,at'ighzif anechth ousarou» = Ecoutez, je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil..
J’ouvre une Parenthèse pour situer l’histoire :
….La maison de Kabylie était composée généralement d’une grande pièce polyvalente, avec le kanoun au centre.. Adaynine,(étable) au dessus de Thârichth (mezzanine) , bordée d’ ikouffane pour stocker thazarth, (figue sèches) et l’autre pour le blé (irdhen) .Ces jarres sont construite en argile, avec un orifice de face. Ache’vali ,posé à terre,est un autre type de jarre de taille moyenne, servant de réserve pour l'huile d’olive.on ne connaissait pas l'huile "sann-gou" (sans gout)..
Au coin, près de la porte Elvila (grande cruche en argile) qui sert à stocker l’eau ramenée de Timedwin ,la fontaine du village,ou d’Ouaini fontaine du clan Nath Sidi Lhadi.
« A Taourirt Il existait un autre point d’eau appelé Amdhoun Nath A3mar.Un jour, ne donnant pas assez d’eau, des querelles éclatèrent entre villageois ce qui fit sortir Sidi Lhadi de sa khalwa (endroit isolé de méditation, à Ighil Ouaini).Il jeta sa vénérée canne vers le ciel, elle retomba plusieurs lieues plus bas et fit jaillir une fontaine intarissable Thimedwine ! »
du côté de Tasga ,mur opposé à l’entrée, Azetta ou métier à tisser, dressé pour une épaisse couverture (A3dhil) qui entrera dans le trousseau de la prochaine mariée.
On entend les filles papoter tout en s’appliquant à bien faire, l’une est à démêler ,ou plutôt peigner (Imchadh) Thadhout’ ( laine de mouton) avec Aqardhache, cardes (le cardage)..
L’autre ,file au fur et à mesure la laine, pour en faire une pelote,prête à tisser.
La grand-mère et la mère s’affairaient à tisser ,en tenant fortement et de la main droite « obligatoirement » la poignée en bois du lourd peigne en acier,Thimchatt, elle tassent et retassent, les fils de laines entrecroisés délicatement mais sûrement, les uns après les autres.Dans le coin le berceau,fait d'une roue de vélo suspendu par une corde à Assalas,(poutre) attaché à un cordon que l'on tire de loin,pour bercer l'enfant..
Les femmes forgent ainsi leur valeur par la force de leur travail et l'habileté de leurs mains.
[j’ajoute que pour une femme , avoir le courage de monter sur le toit vétuste, pieds nus, pour dégager la neige de peur que la vielle maison ancestrale ne s’effondre sur ses enfants !!
Mon Dieu ,qu’elle fierté de me souvenir de ma mère, cette femme à tout faire ,sans se plaindre, jamais !(Akem Yr’Ham Rebbi Ayemma).
Quoi que l’on puisse faire, jamais, mais alors jamais nous ne pourrons récompenser une mère à sa juste valeur].
Si vos maman vivent encore, alors tout au moins respectez-les !!
Thinebdathin,c’est le mur portant l’entrée, un porte litière couvert ,contre les gouttes d'eau venant du plafond rudimentaire, par une grosse brache,est suspendu à assalas de ce côté.
du bois d’ass'len, d’oulmou, d’as’ghersif ou de thavelout, (orme,frêne,églantier..) entassés dans un coin préparé pour le feu.
La nuit tombé, on se regroupe près du feu pour le dîner.
L’unique et large assiette en terre cuite (el meth’red),bien remplie de berkoukes ou des petites billes de patte en forme de petits plomb ou plus explicitement espèce de gros couscous, dans une sauce rouge composée de louvian vou thimitt (hariots secs), petits poids,fèves sèches,oignons,,de la graisse, dans d’autres région on dit avazine, m’hamsa avec sauce rouge ou blanche.
La sauce dans Thougui prélevée avec Aghoun’ja (soupière et louche) ,reste à chauffer sur le kanoun (trépied) en fer au dessus d’un trou rond d’un diamètre de 30 cm et une profondeur de 20 cm, plein de braise avec des buches enflammées,posée tout autour. Chacun reçoit sa cuillère en aluminium.
Pour l’eau un broc en tôle émaillée,avec le dessin de tranches de melon.
Nous mangions à même le sol , sur Aguerthile ( natte tressée).
Je ferme cette parenthèse sur la maison Kabyle et de la vie misérable, soit mais pleine de satisfactions arrachées à la force de labeur et de courage .Le respect,la solidarité,la dignité et l’honneur ont forgé ce peuple.